Les organisations syndicales dénoncent le choix de l’opérateur historique de faire appel à beaucoup de sous-traitance, conduisant à un “naufrage organisé”.
Dans un contexte toujours plus tendu pour le déploiement de la fibre, les syndicats représentant des employés d’Orange se font entendre. Dans un communiqué commun, CFE-CGC, CGT-FAPT, Orange Ensemble et SUD PTT critiquent le choix de l’opérateur historique d’accroître la sous-traitance de ses activités. Le tout alors que “les expertises internes ont démontré que la sous-traitance de la maintenance et de la construction réseaux coûtait plus cher que l’emploi de personnel Orange”.
Un choix attribué à une volonté de la direction de “complaire aux actionnaires au nom d’une supposée réduction des coûts“. Le sujet de l’externalisation des activités des opérateurs pour le maintien et le déploiement des réseaux fibre est brûlant dans l’actualité des télécoms, à l’heure où Scopelec, l’un des principaux sous-traitant de l’opérateur historique multiplie les tentatives pour survivre après avoir perdu la majorité de ses contrats avec Orange. L’opérateur historique est critiqué pour son choix d’encourager des entreprises en leur attribuant jusqu’à 90% du marché du réseau alors que celles-ci “sous-traitent en cascade à d’autres entreprises en rang2,3 ou plus… jusqu’à des auto-entrepreneurs !”
Si certaines entreprises ont été écartées ou du moins bousculées par l’opérateur historique, comme Scopelec ou Sogetrel, pour cause de problèmes liés à la qualité de service, les syndicats estiment que les objectifs affichés de qualité ne seront pas forcément remplis avec les nouveaux venus ayant récupéré les zones concernées. Ils pointent notamment du doigt le choix de Solution 30, une entreprise luxembourgeoise “dont les comptes n’ont pas été certifiés en 2020” et s’affichant “comme une société avec peu de personnels, donneuse d’ordre à une multiplicité d’autres PME sous-traitantes“. D’autres cas sont pris en exemple : Spie n’ayant aucun marché chez Orange dans les domaines pour laquelle elle a été retenue ou encore Constructel, accusé de recourir “massivement à des travailleurs détachés ne parlant pas le français. Pas de quoi rassurer sur une amélioration de la qualité de service“. Sans oublier que pour les anciens sous-traitants cités plus haut, Sogetrel a annoncé jusqu’à 600 mutations fonctionnelles et géographiques et Scopelec envisage le licenciement de 1000 à 1800 salariés pour survivre.
A ce sujet, la direction d’Orange avait annoncé que ses décisions n’impacteraient pas l’emploi local, mais les syndicats n’y croient pas. Outre le recours “croissant” aux travailleurs détachés , les organisations syndicales dénoncent un certain cynisme alors qu’Orange invite les salariés à passer d’un prestataire à un autre. “Les salarié-es ont le droit de disposer d’accords de mobilité avec maintien de salaire et reprise d’ancienneté entre les différentes entreprises des télécoms et notamment avec Orange principal donneur d’ordre du secteur. Réinternaliser les activités et tous les salarié-es qui le souhaitent évitera mobilités géographiques forcées et licenciements massifs” assènent-elles.
“La fibre optique doit être non seulement le symbole du progrès technique mais aussi du progrès social”, affirment les syndicats, qui appellent Orange ainsi que l’État à “mettre fin à ces destructions d’emploi et à cette logique du moins disant social indigne de notre pays. Qu’ils soient salarié-es d‘Orange ou des sous-traitants, nous exigeons des droits et des garanties sociales de qualité pour tous à la hauteur des enjeux que représentent le déploiement d’un réseau Très Haut Débit.“