Pour la deuxième année consécutive, l’UFC-Que Choisir lève le voile sur son observatoire exclusif des débits de l’Internet fixe. Bilan : "on est loin du compte". Dans les zones rurales, les écarts sont même considérables.
Les chiffres fournis par les opérateurs correspondent à des débits maximums théoriques qui, en réalité, sont bien rarement atteints, surtout dans les campagnes, c’est en substance ce que démontre aujourd’hui l’association de consommateurs dans son rapport. Celui-ci met en exergue une réalité inquiétante, 6,8 millions de personnes sont "privées d’un accès de qualité minimale à internet", de quoi remettre en question la transparence de l’Etat au sujet de la fracture numérique. L’UFC-Que Choisir note également qu’au total "10,1% des consommateurs ne disposent pas d’un internet de qualité minimale, quant au bon haut débit, ce sont près de 12,8 millions de personnes qui en sont privés". Autre regret, "les données sur les débits théoriques proposés aux consommateurs dans sa maille la plus fine, à savoir la commune, ne sont plus disponibles depuis un an", ce qui rend plus difficile la réalisation de son observatoire, rapporte l’AFP.
"Jusqu’à 20 mégabits/s, voilà ce que proposent la plupart des opérateurs à leurs clients connectés en ADSL. En vérité, on est à peine à 8 Mb/s. Pour le très haut débit (fibre, câble et VDSL), l’écart est encore plus important. Alors que la plupart des opérateurs annoncent 500 Mb, voire 1 Gb par seconde, le débit moyen réel se situe plutôt autour de 175Mb/s", constate l’association, notant que ces chiffres ne constituent qu’une moyenne que "ils dépendent de certains facteurs dont les opérateurs ne sont pas forcément responsables" comme une connexion Wi-Fi, des équipements vétustes ou une mauvaise installation pouvant entraîner une perte de débit réel.
Plus inquiétant encore, les écarts de débits entre les villes et les zones rurales. Ceux-si sont 2 à 5 fois plus faibles dans les campagnes d’après l’étude. "On sait depuis longtemps que les habitants des campagnes disposent de débits moins élevés que ceux des villes. Mais jusque-là, il était difficile de connaître l’ampleur du fossé qui les séparait", relate UFC-Que Choisir avant de dégainer ses chiffres. Sans appel, plus la commune est petite, plus le débit moyen est faible. Ainsi, en ADSL, on passe de 9,1 Mb/s en moyenne dans les villes de plus de 30 000 habitants à 5,2 Mb/s dans les villages de moins de 1000 administrés, la faute souvent à "des répartiteurs moins bien équipés par les opérateurs et des lignes de cuivre souvent plus longues".
S’agissant du très haut débit le fossé est encore plus grand. Dans les grandes villes, les débits sont en moyenne de 284 Mb/s, contre environ 100 Mb/s dans les communes de moins de 3000 âmes et 49 Mb/s dans les villages de moins de 1000 administrés. L’explication, les technologies utilisées diffèrent parfois. Si dans les grandes villes sont principalement le FTTH est légion, dans les petites communes, les habitants doivent se contenter pour le moment de solutions moins performantes comme le VDSL. "On est loin, très loin, des promesses des opérateurs", résume en somme l’association.
L’UFC-Que Choisir observe toutefois que les zones rurales qui profitent de plus en plus de la fibre, mais les inquiétudes sont prégnantes. Alors que le président de la République a promis un bon débit supérieur à 8Mb/s pour tous fin 2020, avec un objectif de très haut débit (supérieur à 30 Mb/s) pour tous, d’ici 2022, 10% de la population pourrait à cette date ne pas avoir accès à un bon débit, à en croire la fédération des RIP, InfraNum.
Source : UFC-Que Choisir, AFP.